Afin de fiabiliser les smartphones reconditionnés et de garantir leur qualité, des acteurs de la revente de matériel se sont groupés afin de standardiser le reconditionnement et d’offrir à travers un signe de qualité une meilleure visibilité au consommateur.
Il faut dire que la filière constitue une opportunité pour les acteurs économiques (en France, 49 % des mobiles usagés seraient orientés vers une filière de recyclage, et seulement 11 % seraient revendus pour reconditionnement) comme pour l’emploi (30% des smartphones français reconditionnés le sont en France). Et pour les consommateurs aussi puisque ce type d’achat prospère (2,8 millions en 2020) compte tenu des prix pratiqués inférieurs de 20 % à 50 % moins élevé qu’en version neuve, mais sans cadre normatif garantissant à ces derniers l’achat de matériels fonctionnels. C’est ce qu’a pointé la DGCCRF dans une enquête au printemps 2022 (62 % d’anomalies chez les distributeurs). L’Afoc, qui a toujours milité pour les dispositifs de valorisation de la qualité des produits et des services en France, se satisfait donc de voir apparaître ces initiatives.
L’Afoc rappelle qu’un produit reconditionné n’est pas un produit d’occasion, pas plus qu’un produit neuf. Le terme « reconditionné » a une définition officielle depuis février 2022 (décret n° 2022-190 du 17 février 2022). Les téléphones reconditionnés doivent avoir subi des tests pour vérifier qu’ils répondent aux obligations légales de sécurité et à l’usage auquel le consommateur peut légitimement s’attendre. Ensuite, au besoin, ils ont été réparés pour être à nouveau pleinement fonctionnels. Les données doivent avoir été complètement effacées.
Il est interdit aux revendeurs d’utiliser les expressions « état neuf », « comme neuf », « à neuf » ou équivalentes. A l’opposé les smartphones d’« occasion » sont ceux qui sont vendus en l’état sans vérification ni contrôle. La différence est donc ténue mais réelle. Or, beaucoup d’offres ne précisent pas ou peu l’état du produit et l’utilisation non cadrée des termes « premium », « fonctionnel » ou « bon état » peut recouvrir des situations diverses, sans que le consommateur sache le degré éventuel de perte de la qualité d’usage de l‘équipement convoité ou acheté.
Les pratiques de certification par recours à un organisme tiers accrédité pour caractériser les processus de contrôle et les exigences du reconditionnement sont donc bienvenues.
On regrettera toutefois la multiplication de ces initiatives qui compliquent la perception par les consommateurs de leur intérêt. En effet, il existe à notre connaissance au moins deux labels de qualité sur le marché du reconditionnement des smartphones. Le premier, le label « RecQ reconditionnement de qualité », délivré par la Fédération des acteurs du réemploi (rcube.org) et contrôlé par Dekra Certification, atteste que le reconditionnement d’un site labellisé satisfait aux critères de son référentiel européen (76 points vérifiés : respect de l’environnement, relation client, tests sur les appareils…). Ce label n’est pas propre aux smartphones et au reconditionnement et concerne aussi les produits d’occasion et les ordinateurs, les pneus de véhicules de tourisme, les jouets, les vélos...Toutefois, au-delà de l’effet d’annonce, nous n’avons pas pu trouver sur internet des offres de smartphone labellisées par cet opérateur.
En décembre 2021, le Syndicat interprofessionnel du reconditionnement et de la régénération des matériels informatiques, électroniques et télécoms (Sirrmiet) a lancé la certification de services QualiCert SGS « Activités de reconditionnement ». Alors que le label RecQ porte sur les produits, la certification de services « activités de reconditionnement » porte sur le processus lui-même. Les audits réalisés par SGS portent sur l’évaluation de 27 points sur 5 critères : le respect des réglementations sociale, environnementale, et fiscale française, la sécurité des opérations de reconditionnement en France, la traçabilité des pièces utilisées et l’effacement des données, les diagnostics à l’entrée et à la sortie de la chaîne de reconditionnement, et l’accompagnement des clients avec des garanties commerciales ou une assistance téléphonique en français notamment.
Les sites smaaart.fr, mobilerachat.com et again.store sont déjà certifiés. Nous ne les avons pas testés. À terme, la trentaine de membres du SIRRMIET devrait faire de même.
L’Afoc connaît bien cet organisme certificateur auquel elle a participé pendant 30 ans, afin d’élaborer des référentiels en matière automobile ou multiservices, répondant ainsi à sa mission d’améliorer la qualité des produits et services à destination des consommateurs.
Il existe aussi d’autres outils qui peuvent garantir la qualité d’un produit comme par exemple le label LONGTIME®, un label indépendant qui décerne une certification aux produits robustes, qui durent dans le temps ou l’indice de réparabilité, mis en place par le gouvernement au début de l’année 2021, qui permet quant à lui de connaître le degré de difficulté à réparer un produit.
Ces initiatives sont loin de concerner tous le marché et tous les smartphones pour l’instant au contraire de la jungle de chartes et de codes de bonnes pratiques qui n’engagent trop souvent que les revendeurs et ne présentent que peu d’intérêt pour les consommateurs.
Enfin, afin de mieux structurer la filière, le gouvernement avait annoncé au printemps dernier la création d’un label officiel. Pour l’heure, des travaux de concertation doivent aboutir à des conclusions prochainement...