Tribune - 60 millions de consommateurs - appel à signatures

03 décembre 2025
INC

L'afoc appelle à signer la tribune ci-dessous envoyée par les journalistes de « 60 millions de consommateurs » concernant la disparition programmée du magazine et de l’Institut National de la Consommation.

Vous pouvez remplir et signer le formulaire en cliquant ici

La tribune des journalistes de l'INC :

Madame, Monsieur,

Comme vous le savez, le PLF 2026 menace de faire disparaître 60 millions de consommateurs et l’Institut national de la consommation. Le projet de tribune qui figure en bas de ce mail va être soumis à un grand quotidien.

Souhaitez-vous en être signataire? Si oui, nous vous remercions de remplir ce formulaire : https://cvip.sphinxonline.net/surveyserver/s/inc60/tribune/questionnaire.htm

Si vous préférez signer au nom de votre organisation (fédération, association, collectif, syndicat…), merci de le préciser en réponse à ce mail.

Réponse souhaitée avant le jeudi 4 décembre.

Très cordialement,

Adélaïde Robert, Journaliste, 60 millions de consommateurs

 

Le Budget 2026  ne doit pas tuer 60 millions de consommateurs

Dans la vigueur des débats autour de la loi de finances pour 2026, un article du projet gouvernemental est passé quasi inaperçu : l’article 71, qui organise la mise à mort de l’Institut national de la consommation (INC) et de son magazine 60 millions de consommateurs.

Face aux enjeux de la suspension de la réforme des retraites ou de l’ampleur du déficit public, il peut sembler bien dérisoire. Il remet pourtant en cause un pilier essentiel de notre démocratie, celui de l’information et de la défense des consommateurs. À une époque où quelques géants du commerce mondial entendent imposer la loi de la jungle, il n’est pas trop tard pour revenir à la raison ! 60 millions de consommateurs n’appartient ni à l’État ni à un groupe : il appartient à 68 millions de citoyens. Le supprimer, c’est affaiblir un bien commun.

 

Détruire un contre-pouvoir, c’est fragiliser la démocratie

L’État veut donc fermer l’Institut national de la consommation (INC) et vendre à un acteur du privé 60 millions de consommateurs, le seul média public indépendant, entièrement dédié à la défense des citoyens-consommateurs face aux abus économiques et financiers.

Ce n’est pas seulement la fin d’un titre de presse : c’est notre droit à être informés, protégés et entendus qui vacille. Car, derrière 60 millions de consommateurs, il y a un demi-siècle de combats… et l’idée fondatrice d’une démocratie réelle, où le citoyen sait, comprend et agit.

 

Un demi-siècle de batailles pour tous

Depuis plus de cinquante ans, 60 millions de consommateurs est le poil à gratter du pouvoir économique. Celui qui alerte, décode, explique, défend. Celui qui protège notre santé, notre sécurité, notre portefeuille.

Les hormones et antibiotiques dans le veau (1974), les sièges auto dangereux pour bébés (1976), les urgences hospitalières défaillantes (1992), les collèges Pailleron dangereux (1994), les maisons de retraite indignes (1998), les syndics abusifs (2007) ou les pesticides dans les couches et les protections périodiques (2017). C’est « 60 millions ».

Sur la seule année 2025, l’INC et « 60 millions » ont alerté sur les concentrations alarmantes de toxiques émis par certains parfums d’ambiance, les produits ultra-transformés dans l’alimentation pour enfants, les mauvaises performances de certains filtres à eau du robinet, la présence de plastifiants dans des huiles d’olive ou d’insectes, pesticides et fragments plastiques dans les épices, celle de métaux lourds dans les bouffées d’e-cigarettes et les manquements des assureurs.

 

Un habillage économique pour justifier l’injustifiable

On nous dit que 60 millions de consommateurs doit être vendu, car il ne serait « pas rentable », que sa situation économique serait « dégradée ».

L’argument ne tient pas, car pendant ce temps, des médias appartenant à des milliardaires perçoivent des millions d’euros d’aides publiques : au total 175,2 millions d’euros en 2024… Des aides que 60 millions de consommateurs s’est vu refuser. Au lieu de cela, la subvention publique annuelle de l’INC, éditeur de 60 millions de consommateurs, est passée de 6,3 millions à 2,7 millions d’euros entre 2012 et 2020. Autrement dit, on a méthodiquement organisé l'asphyxie financière de l'INC en baissant sa subvention… afin, pour finir, de justifier sa fermeture.

 

Fermer l’INC, c’est aussi couper le bras juridique des associations agréées de défense des consommateurs

Ce n’est pas seulement un magazine que l’on assassine. Derrière, il y a l’INC : un réseau d’experts et de juristes qui épaulent les associations de consommateurs. Des spécialistes de dossiers techniques, concrets, que personne ne prend en charge : trop petits, trop peu rentables, trop complexes.

Fermer l’INC, c’est priver ces associations agréées de tout soutien, de la mémoire collective des droits et des luttes des consommateurs, d’une expertise juridique reconnue. C’est fragiliser tout un écosystème associatif qui fait vivre le droit des consommateurs au quotidien.

 

Le champ libre aux lobbys

Fermer 60 millions de consommateurs et l’INC, c’est aussi laisser le champ libre aux lobbys, aux publicités mensongères, aux intérêts privés. C’est nous priver d’un outil de défense collective, d’un lieu où les faits priment sur les discours, où la transparence protège les faibles. Ce n’est pas que la cause d’un journal. C’est la cause de 68 millions de citoyens.

 

« Une information indépendante, pluraliste et fiable constitue un bien public essentiel à l’humanité »

Le 29 octobre 2025, la France a signé la déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information et les médias indépendants. Notre pays s’y engage à « défendre le principe selon lequel une information indépendante, pluraliste et fiable constitue un bien public essentiel à l’humanité » et à « reconnaître l’information fiable comme un bien public mondial qui exige un soutien public durable ».

Alors que l’Élysée entend lutter contre la désinformation, il s’apprête à enterrer un titre qui fait autorité auprès de ses lecteurs. C’est bien « 60 millions », alertée par une lectrice, qui a révélé le scandale des poupées sexuelles à caractère pédopornographique vendues en ligne sur Shein.

Une politique du « en même temps » qui touche ici à l’absurde : d’un côté, on supprime un journal libre et indépendant, de l’autre, on annonce la création d’un dispositif encore imprécis et sans calendrier.

La puissance publique s’engage devant la communauté internationale à sauver le bien commun, puis le sacrifie à domicile…

 

Défendons notre droit de savoir 

Il n’est pas trop tard. Exigeons la suppression de cet article 71 du projet de loi de finances, inutile et dangereux, et un engagement ferme pour préserver durablement l’INC et le journal.

En protégeant 60 millions de consommateurs et l’INC, nous défendons un bien commun essentiel et notre droit d’être des citoyens à part entière.