La part du parc social des HLM considérée comme passoire thermique (étiquettes F et G) a fait l’objet d’une première estimation par l’agence nationale de contrôle du logement social (ANCOLS) : elle est évaluée à 6 %, soit environ 300 000 logements. (Etude ancols décembre 2023). Pour rappel, ces logements ne peuvent être remis en location, amplifiant le phénomène de forte demande de logements sociaux.
Un focus sur ces logements énergivores permet de comprendre leurs caractéristiques. Les logements individuels, plus anciens et plus petits y sont surreprésentés : 14 % des logements construits avant 1960 sont des passoires thermiques ; 8 % des T1 sont concernés ; la part des étiquettes F et G est 50 % plus importante dans l’individuel que dans le collectif. La part des passoires thermiques est en outre plus marquée dans le nord-est de la France.
Globalement les performances du parc social s’améliorent entre 2017 et 2020, à la fois grâce à la rénovation du parc existant et grâce à son renouvellement.
Enfin, les passoires thermiques sont concentrées dans le parc de certains bailleurs : 30 bailleurs détiennent ainsi plus de 40 % des passoires thermiques du parc social alors qu’ils ne regroupent que 27 % du parc social.
Comment réduire de façon significative ces chiffres qui correspondent à autant de locataires qui font face à des dépenses importantes de chauffage et/ou qui doivent diminuer la température en deçà d’une zone de confort pour pouvoir y faire face ?
C’est la question à laquelle l’ANCOLS a tenté de répondre dans une nouvelle étude du 13 février en pointant les difficultés liées à l’éradication des passoires thermiques et en identifiant des leviers susceptibles d’accélérer les rénovations énergétiques.
L’une des premières difficultés relevés paraît étonnante : les bailleurs sociaux n’arrivent pas à identifier les logements énergivores de leur parc. Il est vrai que les réformes successives du DPE (diagnostic de performance énergétique qui classe les logements de A a G selon leur consommation énergétique) ne favorisent pas le travail des bailleurs. Heureusement, la très grande majorité des bailleurs est confiante quant à l’éradication des logements étiquetés G d’ici 2025 et F d’ici 2028. L’inquiétude porte surtout sur les logements étiquetés E ou D, beaucoup plus nombreux, tant pour des raisons de coûts croissants des rénovations que de manque de personnel qualifié. Le nombre de diagnostiqueurs est trop limité, tant en interne qu’en externe, au sein de la filière du bâtiment ou pour l’installation et la maintenance de certains équipements de chauffage comme les pompes à chaleur.
L’autre grande difficulté pour les bailleurs est de mettre au point des stratégies de rénovation des logements qui soient efficientes et budgétés : réhabilitations lourdes traitant en une seule fois un même logement ou immeuble, réhabilitations par étape de type « monogestes » en ciblant les passoires thermiques et en visant des petits sauts d’étiquette, ou un mixte des 2.
L’ANCOLS formule quelques préconisations pour accélérer l’éradication des passoires thermiques dans le parc social :
- Accroître les formations d’intervenants centrées sur la rénovation pour augmenter l’offre en mesure d’absorber les millions de logements à traiter à terme, la rénovation constituant en outre un véritable levier de croissance et un fort vivier d’emplois pour le secteur du bâtiment,
- Favoriser les dispositifs pérennes pour encourager le montage de projets plutôt que de financer des projets déjà planifiés,
- Se fixer un objectif de rénovation ambitieux dès le début, quitte à ce qu’elle ait lieu par étape.
L’Afoc encourage les bailleurs sociaux à mutualiser leurs moyens afin de mettre au point des référentiels de bonnes pratiques quant à la rénovation des logements énergivores normalisant les approches techniques, ce qui suppose en amont une stabilisation réglementaire au niveau national, voire une simplification et un allègement des contraintes réglementaires afférentes.