Interdiction prochaine des chaudières au fioul, des chaudières au gaz, exigences énergétiques des bâtiments d'habitation en construction comme en rénovation... La messe semble dite pour les chaudières au fioul, même s'il ne s'agit jusqu'ici que d'une annonce du gouvernement sans que les textes aient été pris.
Pour les chaudières à fioul (et à charbon), qui équipent encore 3 millions de ménages en France, leur interdiction entrerait en vigueur à compter du 1er janvier 2022 en raison de leurs importants rejets d'émissions de CO2. Mais cette mesure ne concerne pas les chaudières existantes, leurs propriétaires peuvent donc continuer à les utiliser et à les entretenir. Il n'y a donc aucune obligation de s'en séparer si elles fonctionnent.
En cas de remplacement, des aides allant jusqu'à 80 % de prise en charge, sont mises en place pour accompagner les ménages les plus modestes, qui peuvent bénéficier d'une prime coup de pouce chauffage (financée par les certificats d'économie d'énergie) et de MaPrimeRénov'.
Reste à savoir quelle autre installation de chauffage choisir car l'AFOC pointe que les chaudières gaz sont également sur la sellette. La nouvelle réglementation thermique et environnementale des logements (RE 2020) qui sera mise en application dès l'été 2021 et concernera de façon progressive les logements individuels, les logements collectifs et les bâtiments du secteur tertiaire vise à rendre les constructions plus respectueuses de l'environnement. Avec la RE 2020, le gouvernement compte mettre un terme à l'utilisation du gaz dans les constructions neuves. Dans un souci d'atteindre la neutralité carbone, la nouvelle norme introduit un plafond d'émissions de GES (gaz à effet de serre) pour les maisons individuelles, fixé à 4 kgCO2eq/m²/an, dès l'entrée en vigueur de la réglementation. Or, ce seuil entraîne l'élimination du gaz, pour favoriser davantage le chauffage par granulés bois ou reposant sur des énergies renouvelables. De la même façon, le gaz doit être éliminé de toutes les constructions neuves dès 2024, mais cette élimination sera immédiate et appliquée dès l'entrée en vigueur de la loi pour les maisons individuelles.
En revanche, le plafond dans les logements collectifs est plus élevé, car ces derniers sont 75 % à être chauffés au gaz. Il sera ainsi fixé à 14 kgCO2eq/m²/an dès l'entrée en vigueur de la RE 2020, puis descendu à 6 kgCO2eq/m²/an dès 2024.
Cette nouvelle réglementation ne vise pour l'instant que les constructions neuves et non les bâtiments anciens qui peuvent et qui pourront changer leur chaudière gaz par une autre, pour autant que l'offre industrielle suive. De ce point de vue, un consensus d'acteurs semble désigner la chaudière gaz à condensation (dite très haute performance) à condition toutefois que le réseau de gaz naturel desserve la commune ou le quartier. Si ce n'est pas le cas, pour conserver le confort du chauffage central, toujours dans l'ancien ; le choix se partage entre chaudière à bois ou à granulés (pellets) et les nouveaux équipements tels les pompes à chaleur air/eau, soit des équipements onéreux (entre 200 € et 450 € du mètre carré), même avec des aides (lesquelles se caractérisent par une instabilité et une illisibilité qui étonnent) et impliquent en toute hypothèse une réflexion avant tout achat en fonction de ses besoins, de ses moyens et du temps pour les rentabiliser (les français restent en moyenne 7 ans dans le même logement ; la rénovation énergétique d'une maison coûte souvent plus qu'elle ne rapporte...).
Il est certain que les arbitrages qui ont été réalisés visant à la production d'une énergie décarbonée avantagent le chauffage électrique (et l'industrie nucléaire), ce qui n'est pas sans interrogations de l'AFOC sur les conséquences de ce choix, ne serait-ce qu'en matière de lutte contre la précarité énergétique compte tenu de l'évolution tendancière à la hausse du prix de cette énergie.