La mode est un secteur en constante évolution, et avec l'urgence climatique qui pèse sur la planète, l'industrie textile cherche des moyens de réduire son impact environnemental, à l’instar des consommateurs sensibilisés.
En réponse, les parties prenantes ont élaboré un indicateur environnemental qui vise à éclairer les consommateurs sur l'impact écologique des vêtements qu'ils achètent. Prévu pour être déployé dès l'automne 2024, cet outil, appelé « eco-score textile » pour l’instant, est la suite logique de la décision prise au début de l’année 2023 de rendre obligatoire l’origine géographique des textiles par un affichage correspondant (cf. notre article).
Le concept de l'Éco-Score est simple : il s'agit d'un score qui évalue l'impact environnemental des produits textiles tout au long de leur cycle de vie. De la production des matières premières à la fin de vie du produit, en passant par la confection et la distribution, chaque étape est scrutée pour déterminer son empreinte écologique. Ce score prendra en compte divers critères, tels que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'eau, et même les dommages à la biodiversité, comme les rejets de microplastiques. Il intègre également un volet sur la durabilité extrinsèque, c'est-à-dire les pratiques des marques en matière de durabilité. Ainsi, les matériaux utilisés, les incitations à la réparation, et le nombre de références commercialisées seront pris en compte pour calculer un coefficient de durabilité. Ce dernier ajustera le score environnemental en faveur des marques les plus vertueuses et pénalisera celles qui contribuent à l'ultra fast-fashion. Du moins sur le papier.
L'Éco-Score sera représenté par un score allant de 0 à l'infini, où un score élevé indique un impact environnemental important. Son affichage, qui pourrait prendre la forme d'une étiquette ou d'un logo, est encore en cours de définition. Le gouvernement a présenté début avril un premier simulateur de calcul baptisé « ecobalyse » développé en partenariat avec l’Ademe. Initiative française, ce nouvel étiquetage est destiné à « enrichir » le projet européen d’affichage environnemental harmonisé pour les textiles dans le but d’aider les entreprises des pays membres à le calculer.
Est-ce que cet indicateur révolutionnera l'industrie de la mode en favorisant la transparence et en encourageant les pratiques durables ?
Comme pour les dispositifs d’éco-score (nutri-score, origine-score…), le dispositif ne sera manifestement pas obligatoire et les professionnels du secteur sont réservés sur sa mise en place. Il y a donc de grandes chances de voir encore une initiative laissée à la discrétion du marché. Car le rendre obligatoire, comme le prévoit la Climat et Résilience à partir de 2025, suppose de mettre en place un système de bonus-malus pour l’industrie textile.
Encore faut-il savoir quelle cause on poursuit en voulant le rendre obligatoire : celle environnementale, à n’en pas douter, mais quand une analyse de cycle de vie d’un vêtement révèle qu’un article asiatique en fibres synthétiques a un meilleur bilan carbone qu’un vêtement fabriqué en France avec des matériaux durables, on se demande ce que l’on devrait mesurer finalement et on regrette que les conditions sociales et nationales de production ne soient pas mieux valorisées.