Dans une ère où les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par l’origine de leur nourriture, le gouvernement français souhaite introduire dans les prochains mois une nouvelle étiquette, l’Origine-Score, qui indiquerait l’origine des ingrédients d’un produit alimentaire manufacturé, permettant ainsi aux consommateurs de faire des choix plus éclairés en fonction de leur préoccupation. Il répond également à la colère récente des agriculteurs en introduisant un indicateur de l’origine des produits alimentaires dans les rayons des supermarchés.
Selon les premiers éléments d’information communiqués, Origine-score classera, sur le même principe que le Nutri-Score, qui note la qualité nutritionnelle, les produits alimentaires manufacturés sur une échelle de 0 à 100 en fonction de l'origine de leurs ingrédients. Plus un article comportera d'ingrédients français et mieux il sera noté.
Son étiquette prendrait la forme d'un logo "plutôt visible" sur lequel on verrait une petite usine qui indiquerait où le produit a été fabriqué. Un camembert avec l'origine des trois principaux ingrédients pourrait également être présent. Chaque partie représente l’origine du produit avec le pourcentage correspondant : France, UE et hors UE.
Pour l’Afoc, Origine-Score est une initiative intéressante pour améliorer la transparence dans l’origine des produits alimentaires manufacturés dans la mesure où il permet aux consommateurs de faire des choix plus éclairés et de soutenir l’économie nationale. Attention toutefois : il ne prétend pas dire qu’un produit dont l’origine est française serait meilleur qu’un autre, pas plus qu’à permettre aux consommateurs d’identifier et d’acheter des produits alimentaires certifiés d’origine majoritairement français comme ceux portant le label « Origine France garantie » ( le label « Made in France » n’existe pas, ce sont les entreprises qui se l’octroient sans preuve ni contrôle). Pour rappel, pour les produits alimentaires bruts, à savoir les fruits et légumes, la viande, le poisson, le miel mais aussi le vin, la réglementation française impose déjà la mention du pays d’origine, ou de la zone de pêche dans le cas du poisson sauvage. En toute hypothèse, l’Afoc souhaite que le dispositif à venir utilise des processus de contrôle par tierce partie indépendante pour éviter les pratiques trompeuses.
Toutefois, le dispositif ne sera pas obligatoire, mais les industriels qui décideront de l’afficher devront le mettre sur toutes leurs références. Reste à savoir comment il sera accueilli par ces derniers sachant que selon des enquêtes, l’origine de la plupart des ingrédients composant les produits alimentaires transformés n’est pas indiquée. Il pourrait donc y avoir de la résistance. On se rappelle en effet quand Lactalis a obtenu en 2021 l’annulation d’un décret qui imposait, à titre expérimental, l’affichage obligatoire de l’origine des ingrédients carnés et laitiers utilisés dans les plats transformés, en vigueur depuis 2017 suite à l’affaire de la viande de cheval frauduleusement introduite dans des lasagnes de bœuf. S’agissant d’un dispositif volontaire, il y a de fortes chances que les marques refusent d’afficher qu’ils s’approvisionnent à l’autre bout du monde. Pour le rendre obligatoire, la France a annoncé qu’elle porterait ce nouvel indicateur au niveau européen dans le cadre de la révision du règlement Inco prévue en 2025. Idem pour le Nutri-score. L’issue favorable attendue n’est pas gagnée pour les deux. A suivre...