Compteurs Linky : un déploiement réussi mais au bénéfice limité pour les consommateurs

12 décembre 2024
énergie

Le déploiement des compteurs Linky en France, initié en 2016, représente un succès logistique et technique indéniable pour Enedis, selon un récent rapport de la Cour des comptes. Le gestionnaire du réseau électrique, a réussi à installer près de 95 % des compteurs prévus, soit environ 37,2 millions d’unités, pour un coût global de 4,6 milliards d’euros.

La Cour des comptes souligne que le déploiement de masse des compteurs Linky a été réalisé à un coût inférieur de 18 % par rapport aux prévisions initiales. Tant mieux car cet investissement somptuaire a été répercuté sur la facture des consommateurs. D’aucuns rapportent que cette charge correspond à une augmentation du tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité représentant jusqu'à un tiers de la facture d’électricité des ménages.

De fait, les compteurs Linky ont permis d’améliorer l’efficacité du réseau électrique et de réduire les coûts de gestion. Enedis a pu collecter et publier les index de consommation plus rapidement et effectuer des téléopérations sans déplacement de techniciens.

Cependant, les bénéfices pour les consommateurs restent limités. La Cour des comptes note que les gains économiques attendus ne se sont pas pleinement concrétisés, comme la maîtrise de la demande d’énergie ou le développement d’offres commerciales innovantes.

On se rappelle pourtant qu’on nous promettait à l’époque une baisse de la consommation résultant de la maîtrise de la demande de l'énergie grâce notamment à une connaissance plus fine de la consommation….

Point positif, la diminution des réclamations des clients du fait d’une facturation sur la base d’index réels télérelevés (i.e. relevés tous les mois à distance) qui diminue le risque d’erreur et de contestation (les clients équipés de compteurs Linky génèrent cinq fois moins de réclamations que les clients non équipés) et ce malgré les réclamations liées à la pose du compteur.

De même, si elle est difficilement chiffrable, la possibilité offerte par Linky de réaliser des interventions à distance (téléopérations), représente un gain significatif pour le consommateur dont la présence n’est plus requise lors de l’intervention (modifications de puissance souscrite, changement de formule tarifaire d’acheminement).  Les prestations sont par ailleurs plus rapides note la Cour des comptes : pour les prestations téléopérées, le délai standard est d’un jour à la suite de la demande du fournisseur ou de l’utilisateur contre, par exemple, un délai de cinq jours pour une prestation de mise en service sur raccordement existant sans Linky. Elles sont aussi plus souples (possibilité de moduler sa puissance souscrite au pas de 1 kVA qui permet de mieux refléter l’appel de puissance sur le réseau) et moins chères (Linky a permis de baisser le tarif des prestations devenues tout ou partie téléopérables).

Linky permet également d’accéder à des prestations nouvelles en lien avec la transmission de données permises par les compteurs évolués (transmission, consultation ou mise à disposition d’historique de consommation).

Enfin, Linky avait pour objectif, dans son volet « marché », de permettre aux fournisseurs en concurrence de développer des offres innovantes susceptibles d’apporter des gains, notamment financiers, aux consommateurs : pilotage, par le réseau ou le fournisseur, de certains appareils gros consommateurs d’électricité pour décaler leur consommation hors des périodes de pointe ; modulation tarifaire horaire afin d’inciter le consommateur à décaler volontairement sa consommation hors pointe pour réduire sa facture d’électricité.

La Cour des comptes constate toutefois que le déploiement massif de Linky ne s’est pas accompagné de l’apparition de nouvelles offres tarifaires attractives et que très peu de fournisseurs utilisent les fonctionnalités innovantes de Linky.

Il reste donc à poursuivre le travail et à proposer aux consommateurs des solutions techniques et tarifaires conformes à leurs intérêts.

En savoir plus : Cour des comptes