PFAS : la France boit une eau polluée

05 décembre 2025
verre d'eau

La contamination de l’eau par les PFAS, ces « polluants éternels » omniprésents depuis des décennies, s’impose aujourd’hui comme un enjeu sanitaire et environnemental majeur. Ces substances — utilisées pour l’imperméabilisation, les mousses anti-feu, les revêtements, etc. — se retrouvent désormais dans les nappes phréatiques, les rivières et parfois jusque dans l’eau potable. Leur particularité : elles ne se dégradent presque jamais et s’accumulent dans les organismes vivants.

La preuve de l’urgence est désormais publique. Selon la toute récente campagne nationale de l’ANSES, couvrant la période 2023-2025, 92 % des 620 échantillons d’eau du robinet analysés en France contiennent de l’acide trifluoroacétique (TFA) — une molécule dérivée des PFAS —, y compris après traitement. Certains prélèvements ont même atteint des concentrations record, jusqu’à 25 000 nanogrammes par litre, un niveau sans précédent dans l’eau potable française.

Ces résultats confirment les alertes déjà lancées par des ONG et des chercheurs, tout en montrant l’ampleur réelle de la contamination. Le TFA n’est pas listé parmi les 20 PFAS « réglementés » dans l’eau potable — ce qui signifie qu’il échappait jusqu’ici aux contrôles obligatoires — mais sa présence massive l’impose comme une priorité urgente.

Les conséquences sur la santé humaine suscitent de fortes inquiétudes. Une exposition chronique aux PFAS est associée à des perturbations hormonales, des effets sur la fertilité, des troubles immunitaires et un risque accru de cancers. L’accumulation silencieuse dans l’eau, l’alimentation et l’environnement inquiète d’autant plus que les seuils jugés « sûrs » restent controversés.

Face à ce constat, les autorités et collectivités doivent agir — et vite. Sur le plan réglementaire, les seuils européens sont en cours de révision : le projet d’actualisation des substances prioritaires pour les eaux de surface et souterraines prévoit d’intégrer plusieurs PFAS, y compris des dérivés comme le TFA. Sur le terrain, des systèmes de traitement plus efficaces — charbon actif, osmose inverse, technologies innovantes — commencent à être envisagés, mais ils restent coûteux et inégalement déployés sur le territoire.

La contamination par les PFAS — et plus particulièrement par le TFA — n’est plus un danger hypothétique : elle est documentée, massive et diffuse. Elle pose une question simple mais cruciale : quelle eau voulons-nous boire demain ? En attendant une réduction à la source des émissions, la transparence, la surveillance et des moyens de dépollution ambitieux restent la seule issue pour protéger la santé publique.