
L'idée d'une "TVA sociale", visant à transférer une partie des cotisations sociales vers la fiscalité indirecte, refait surface dans le débat public. Si elle se présente comme une solution potentielle pour alléger le coût du travail et favoriser l'emploi, il convient d'examiner attentivement ses effets négatifs sur la consommation, un moteur essentiel de l’économie.
Le principe est simple : en augmentant la TVA, on réduit les cotisations patronales, censées rendre les entreprises plus compétitives. Or, cette hausse de la TVA se traduit directement par une augmentation des prix des biens et services pour le consommateur final.
Le premier inconvénient majeur est la perte de pouvoir d'achat. Pour les ménages, et particulièrement les plus modestes, une augmentation généralisée des prix signifie qu'ils peuvent acheter moins avec le même revenu. Cette érosion du pouvoir d'achat n'incite évidemment pas à la dépense, mais plutôt à la prudence, voire à la restriction. Dans un contexte où la consommation des ménages représente une part significative du PIB, une telle mesure risque de freiner la croissance économique plutôt que de la stimuler.
Ensuite, la TVA est un impôt indolore et aveugle. Elle frappe indistinctement tous les consommateurs, quelle que soit leur situation financière. Contrairement à l'impôt sur le revenu, qui peut être progressif et ajusté en fonction des capacités de chacun, la TVA pèse davantage, proportionnellement, sur les budgets les plus modestes. C'est une forme d'injustice fiscale qui creuse les inégalités et peut exacerber les tensions sociales. Les ménages à faibles revenus, qui consacrent une plus grande part de leurs ressources à la consommation de biens de première nécessité, seraient les plus durement touchés.
De plus, l'impact sur la consommation peut être psychologique. L'anticipation d'une hausse des prix peut pousser les consommateurs à reporter leurs achats non essentiels, voire à privilégier l'épargne par précaution. Cette incertitude économique n'est jamais propice à la dynamique des échanges. Les commerçants, déjà soumis à de nombreuses pressions, pourraient voir leur chiffre d'affaires chuter, entraînant des conséquences en cascade sur l'emploi et l'investissement.
Enfin, il est crucial de considérer l'effet de ciseau. Si la TVA sociale vise à améliorer la compétitivité des entreprises par la baisse du coût du travail, une consommation atone risque de contrecarrer cet objectif. À quoi bon produire plus si les consommateurs ne sont pas en mesure d'acheter ? Les entreprises pourraient se retrouver avec des stocks invendus, annihilant ainsi les bénéfices attendus de la baisse des cotisations.
Pour l'Afoc, si l'intention derrière la TVA sociale est louable en théorie, ses effets pervers sur la consommation sont une réalité à ne pas sous-estimer. Elle risque de sacrifier le pouvoir d'achat des ménages et de fragiliser l'économie interne au nom d'une compétitivité dont les bénéfices pourraient ne jamais se matérialiser pleinement. Avant d'envisager une telle réforme, il est impératif de mesurer l'ensemble de ses conséquences et de privilégier des solutions qui stimulent à la fois l'offre et la demande. N'est-il pas temps de repenser nos modèles pour une croissance plus juste et durable ?